Cher Monsieur, chere Madame, le Centre de Divulgation des Informations Utiles (CDIU) a décidé de profiter de l'espace inutile que constitue votre blog pour diffuser des informations relatives à ses bases de données concernant des sujets divers et variés, ceci afin de participer de maniere constructive à l'edification intellectuelle des masses.
Bien à vous, le predident du CDIU.
La Loutre
Autrefois commune sur la quasi-totalité du territoire national avant de subir une régression spectaculaire, la loutre d'Europe est aujourd'hui de plus en plus reconnue comme un excellent élément intégrateur en matière de gestion globale de l'eau et des milieux aquatiques. L'espèce est située à l'interface de deux logiques complémentaires. Par la diversité de ses exigences et sa position au sommet des chaînes alimentaires, elle dépend de bon nombre d'espèces et d'habitats, eux-mêmes parfois protégés ou remarquables. Par sa sensibilité à la dégradation de la qualité des eaux et l'ampleur des espaces qu'elle colonise, sa conservation ne peut être réellement durable que dans le cadre d'une gestion équilibrée à échelle de bassins versants de grandes dimensions.
La loutre d'Europe est un mammifère semi-aquatique de grande taille (en moyenne de 6 à 10 kg pour 1 m à 1,20 m de longueur). Principalement nocturne et piscivore, elle est très discrète dans le milieu naturel et ses densités sont faibles par nature (domaine individuel de plusieurs dizaines de kilomètres de cours d'eau pour un adulte). L'essentiel des informations scientifiques acquises sur l'espèce en Europe n'est pas lié à l'observation directe, ce sont essentiellement ses indices d'activité qui permettent d'attester de sa présence dans un secteur. L'inventaire breton, coordonné par le Groupe Mammalogique Breton*, a été initié au début des années 80. Il a consisté à rechercher ces indices spécifiques dans la région, suivant une méthodologie standard préconisée au plan international. Son actualisation montre que la pérennité régionale de l'espèce repose aujourd'hui sur un noyau principal de plus de 6000 km2 du Centre-Ouest-Bretagne.
Celui-ci s'articule de part et d'autre de deux importants fleuves côtiers reliés par le Canal de Nantes à Brest : l'Aulne à l'ouest et le Blavet au sud-est. Une estimation théorique des effectifs permet d'avancer une fourchette de 100 à 160 individus subsistant sur ce territoire (environ les deux tiers de la population régionale). Un noyau secondaire rassemble les zones humides littorales du Blavet à la Loire, tandis qu'un isolat, rarissime aujourd'hui en France, exploite les habitats côtiers et insulaires du nord-ouest du Finistère (presqu'île de Crozon, Archipel de Molène), auxquels il faut ajouter quelques estuaires et points côtiers au nord et au sud de la Bretagne.
Une régression due à de multiples facteurs La loutre a historiquement subi une importante pression de chasse et de piégeage, du fait de la grande valeur commerciale de sa fourrure et de sa concurrence proclamée avec la pêche. Une étude de son régime alimentaire, initiée dans les Monts d'Arrée, a toutefois révélé que, la truite étant largement dominante en terme de disponibilités alimentaires, le chabot et le vairon, poissons de petite taille constituent plus de 80 % des proies capturées. Depuis les années 50, l'espèce a considérablement régressé partout sur son aire de répartition jusqu'à disparaître du centre de l'Europe. En France, de 1 000 à 1 500 individus (moins de 10 % des effectifs initiaux) sont aujourd'hui retranchés sur la façade atlantique et dans le Massif Central.
La Bretagne demeure l'une des rares régions françaises où des populations significatives subsistent, bien que très menacées. Ce mammifère est intégralement protégé sur le territoire national depuis l'arrêté ministériel du 17 avril 1981. L'expérience a montré, que malgré cela, sa protection juridique (prévention de la mortalité directe, chasse, piégeage) était manifestement insuffisante pour enrayer son déclin. Les altérations physiques (aménagements) et chimiques (pollutions) portées à ses habitats ont été et sont encore la cause majeure de régression.
Une analyse cumulant les effets de 12 critères discriminants pour la répartition actuelle de l'espèce, a été appliquée à l'ensemble de la région. Elle a permis de dresser une cartographie qualitative par bassin versant.
les critères favorisants : pluviométrie, densité du réseau hydrographique, débit d'étiage, qualité générale des cours d'eau, biomasses piscicoles globales.
les critères défavorisants : densités de population humaine, taux de terres arables, taux de terres cultivées en maïs, taux de terres drainées ou irriguées, densités d'effectifs bovins et porcins, excédents azotés (azote total).
Un réseau d'expertise et de conseil Dans le cadre d'un programme national, la mise en place du Réseau SOS-Loutres, géré par le GMB et basé à la Maison de la Rivière de Sizun (Finistère, équipement du Parc naturel régional d'Armorique), a suscité une action volontariste visant à identifier et à prévenir les diverses causes de régression. Diverses actions se sont ainsi concrétisées, notamment dans le cadre des travaux d'infrastructures routières (afin de prévenir la mortalité par collision et de compenser l'effet de coupure de territoires fréquentés par des loutres). À ce jour, une vingtaine d'aménagements spécifiques permettant à la loutre et à la faune de franchir sans encombres des voies routières, ont été réalisés et testés, généralement avec succès.
Quand elles atteignent des taux élevés, les pollutions portent atteinte aux peuplements piscicoles d'un cours d'eau, privant ainsi les loutres de nourriture. Le plus grave réside dans la contamination chronique des chaînes alimentaires par des micropolluants (organochlorés, métaux lourds) qui affectent, à terme, la santé des prédateurs (fonctions reproductrices, immunotoxicité-). Les mammifères sauvages sont désormais reconnus pour leur rôle de biomarqueur, et particulièrement les espèces situées au sommet des chaînes alimentaires. Parmi celles-ci, la loutre, prédateur essentiellement piscivore, tient une place prépondérante pour une évaluation significative de l'état de santé des milieux aquatiques.
Insecticides toxiques Pour contribuer à mesurer de tels effets, un programme toxicologique initié en Bretagne a permis, de 1987 à 1995, l'examen de 24 loutres d'Europe (trouvées mortes) originaires des bassins Loire-Bretagne, Adour-Garonne et Seine-Normandie. Replacés dans le contexte européen, 40 % des spécimens de cet échantillon révèlent, à des degrés divers, des niveaux significatifs de contamination par le mercure, les polychlorobiphényles (PCBs, dont certains composés proches de la dioxine), l'oxychlordane, le cadmium, le chrome, la dieldrine et l'hexachlorobenzène. Ce constat s'applique, selon les polluants, à plusieurs spécimens originaires de Bretagne. On observe une relation significative entre les taux de surfaces cultivées en maïs du lieu de récupération de ces spécimens et la teneur en lindane (organochloré employé comme traitement insecticide du sol de cette culture) mesurée dans leurs muscles. Mais il est remarquable de constater que cet échantillon de loutres apparaît en moyenne de 2 à 4,5 fois moins contaminé par le lindane que par la dieldrine, autre insecticide, très rémanent, interdit d'utilisation en agriculture en France depuis un arrêté ministériel de 1972.
Ce travail original permet donc de mettre en exergue certaines tendances en matière de contamination des biocénoses aquatiques. Une phase complémentaire de recherche est en cours avec le soutien de l'agence de l'eau Loire-Bretagne et de l'union européenne, sur deux bassins-tests (Scorff et Aulne), par l'étude des processus de transfert des polluants dans les chaînes alimentaires (sédiments, poissons, prédateur piscivore), grâce à un protocole normalisé et reproductible.
Vers une gestion équilibrée des habitats rivulaires La sédentarisation et la reproduction de la loutre dépendent étroitement de la densité de gîtes potentiels et d'une végétation sur berges (rivulaire) suffisamment dense, associée à un chapelet de milieux annexes favorables (marais, tourbières, étangs-). Les travaux sur les cours d'eau répondent encore à l'heure actuelle à des objectifs trop souvent sectoriels. Depuis 1992, divers textes (loi sur l'eau, directive européenne Faune-Flore-Habitats) soulignent la nécessité de mieux globaliser ces objectifs, en intégrant en particulier la préservation et la gestion des biotopes de diverses espèces animales ou végétales des milieux aquatiques. Ainsi, 27 espèces de la flore et de la faune bretonnes, dont les habitats préférentiels sont situés au moins pour partie dans le lit majeur des cours d'eau, ont été déclarées d'intérêt communautaire.
Dans ce contexte, un premier travail d'évaluation concernant les mammifères semi-aquatiques remarquables, a été réalisé par le GMB en liaison avec l'ADASEA du Finistère dans la perspective de mesures agri-environnementales. Ce travail a dressé un certain nombre de recommandations destinées à être insérées dans des cahiers des charges, afin de mieux gérer les habitats aquatiques et rivulaires, ainsi qu'à préserver et favoriser la pérennité des espèces et de celles dont elles dépendent étroitement. Ces propositions s'appuient sur une expérience acquise en Bretagne, soit sur des espaces protégés par le biais de conventions de gestion que le GMB a pu déjà établir depuis 10 ans avec des propriétaires privés ou publics, soit à la lumière de certains contrats de rivière. Elles sont appelées à se généraliser pour tous les programmes de gestion des milieux aquatiques. L'ensemble de ces mesures apparaît étroitement lié à la procédure des SAGE (schémas d'aménagement et de gestion des eaux prévus par la loi sur l'eau) où à l'échelle d'un bassin versant, la loutre (même absente mais potentiellement recolonisatrice) peut constituer un excellent fil conducteur à travers la diversité des exigences qu'elle requiert.
Il devront pour cela, intégrer l'ensemble des aspects touchant à l'équilibre de l'hydrosystème (écosystème d'eau douce) y compris ceux relevant du patrimoine naturel (diversité des milieux et abondance des espèces) et de l'utilité fonctionnelle de certains milieux (rôle des zones humides dans l'hydrologie et l'épuration naturelle des eaux).
Pierres à loutres
A l'occasion de leurs inventaires, des prospecteurs actifs du Réseau SOS-Loutres ont découvert à deux reprises sur le bassin de l'Ellé, non loin du Faouët et de Querrien, de curieuses empreintes circulaires, d'environ 20 cm de diamètre et 3 cm de large, dotées d'une entaille latérale, taillées sur la face supérieure d'un gros rocher plat émergeant du cours d'eau. Une enquête sur place auprès d'anciens meuniers a révélé qu'il s'agissait d'emplacements naguère sculptés pour y caler un piège à loutre, de type "Levître". Ce type de motifs a-t-il été observé - sans que nécessairement la mémoire collective en ait gardé le sens ni la fonction - en d'autres endroits en Bretagne ? S'agissait-il d'un savoir-faire purement localisé, a-t-il été repris, adapté ou modifié par d'autres piégeurs ? Le Réseau SOS-Loutres serait heureux de recueillir tout témoignage ou matériel original à ce sujet.
Adresses utiles
otternet@aol.com
Groupe Mammalogique Breton, réseau SOS-Loutres : Maison de la Rivière - 29450 Sizun, tél. 02.98.68.86.33, mél gmbreton@aol.com (en particulier en cas de signalement de loutre morte). Centre d'Initiation à la Rivière, 22810 Belle-Isle-en-Terre. Société Française pour l'Étude et la Protection des Mammifères : c/o SPN/IEGB, Muséum National d'Histoire Naturelle, 57 rue Cuvier, 75231 Paris Cedex 05.
Koin Koin
| 4/28/2006
> Koin Koin : Bravo au CDIU et revenez quand vous voulez pour tout nous faire connaître :O)
Bien à vous, le predident du CDIU.
La Loutre
Autrefois commune sur la quasi-totalité du territoire national avant de subir une régression spectaculaire, la loutre d'Europe est aujourd'hui de plus en plus reconnue comme un excellent élément intégrateur en matière de gestion globale de l'eau et des milieux aquatiques. L'espèce est située à l'interface de deux logiques complémentaires. Par la diversité de ses exigences et sa position au sommet des chaînes alimentaires, elle dépend de bon nombre d'espèces et d'habitats, eux-mêmes parfois protégés ou remarquables. Par sa sensibilité à la dégradation de la qualité des eaux et l'ampleur des espaces qu'elle colonise, sa conservation ne peut être réellement durable que dans le cadre d'une gestion équilibrée à échelle de bassins versants de grandes dimensions.
La loutre d'Europe est un mammifère semi-aquatique de grande taille (en moyenne de 6 à 10 kg pour 1 m à 1,20 m de longueur). Principalement nocturne et piscivore, elle est très discrète dans le milieu naturel et ses densités sont faibles par nature (domaine individuel de plusieurs dizaines de kilomètres de cours d'eau pour un adulte). L'essentiel des informations scientifiques acquises sur l'espèce en Europe n'est pas lié à l'observation directe, ce sont essentiellement ses indices d'activité qui permettent d'attester de sa présence dans un secteur. L'inventaire breton, coordonné par le Groupe Mammalogique Breton*, a été initié au début des années 80. Il a consisté à rechercher ces indices spécifiques dans la région, suivant une méthodologie standard préconisée au plan international. Son actualisation montre que la pérennité régionale de l'espèce repose aujourd'hui sur un noyau principal de plus de 6000 km2 du Centre-Ouest-Bretagne.
Celui-ci s'articule de part et d'autre de deux importants fleuves côtiers reliés par le Canal de Nantes à Brest : l'Aulne à l'ouest et le Blavet au sud-est. Une estimation théorique des effectifs permet d'avancer une fourchette de 100 à 160 individus subsistant sur ce territoire (environ les deux tiers de la population régionale). Un noyau secondaire rassemble les zones humides littorales du Blavet à la Loire, tandis qu'un isolat, rarissime aujourd'hui en France, exploite les habitats côtiers et insulaires du nord-ouest du Finistère (presqu'île de Crozon, Archipel de Molène), auxquels il faut ajouter quelques estuaires et points côtiers au nord et au sud de la Bretagne.
Une régression due à de multiples facteurs La loutre a historiquement subi une importante pression de chasse et de piégeage, du fait de la grande valeur commerciale de sa fourrure et de sa concurrence proclamée avec la pêche. Une étude de son régime alimentaire, initiée dans les Monts d'Arrée, a toutefois révélé que, la truite étant largement dominante en terme de disponibilités alimentaires, le chabot et le vairon, poissons de petite taille constituent plus de 80 % des proies capturées. Depuis les années 50, l'espèce a considérablement régressé partout sur son aire de répartition jusqu'à disparaître du centre de l'Europe. En France, de 1 000 à 1 500 individus (moins de 10 % des effectifs initiaux) sont aujourd'hui retranchés sur la façade atlantique et dans le Massif Central.
La Bretagne demeure l'une des rares régions françaises où des populations significatives subsistent, bien que très menacées. Ce mammifère est intégralement protégé sur le territoire national depuis l'arrêté ministériel du 17 avril 1981. L'expérience a montré, que malgré cela, sa protection juridique (prévention de la mortalité directe, chasse, piégeage) était manifestement insuffisante pour enrayer son déclin. Les altérations physiques (aménagements) et chimiques (pollutions) portées à ses habitats ont été et sont encore la cause majeure de régression.
Une analyse cumulant les effets de 12 critères discriminants pour la répartition actuelle de l'espèce, a été appliquée à l'ensemble de la région. Elle a permis de dresser une cartographie qualitative par bassin versant.
les critères favorisants : pluviométrie, densité du réseau hydrographique, débit d'étiage, qualité générale des cours d'eau, biomasses piscicoles globales.
les critères défavorisants : densités de population humaine, taux de terres arables, taux de terres cultivées en maïs, taux de terres drainées ou irriguées, densités d'effectifs bovins et porcins, excédents azotés (azote total).
Un réseau d'expertise et de conseil Dans le cadre d'un programme national, la mise en place du Réseau SOS-Loutres, géré par le GMB et basé à la Maison de la Rivière de Sizun (Finistère, équipement du Parc naturel régional d'Armorique), a suscité une action volontariste visant à identifier et à prévenir les diverses causes de régression. Diverses actions se sont ainsi concrétisées, notamment dans le cadre des travaux d'infrastructures routières (afin de prévenir la mortalité par collision et de compenser l'effet de coupure de territoires fréquentés par des loutres). À ce jour, une vingtaine d'aménagements spécifiques permettant à la loutre et à la faune de franchir sans encombres des voies routières, ont été réalisés et testés, généralement avec succès.
Quand elles atteignent des taux élevés, les pollutions portent atteinte aux peuplements piscicoles d'un cours d'eau, privant ainsi les loutres de nourriture. Le plus grave réside dans la contamination chronique des chaînes alimentaires par des micropolluants (organochlorés, métaux lourds) qui affectent, à terme, la santé des prédateurs (fonctions reproductrices, immunotoxicité-). Les mammifères sauvages sont désormais reconnus pour leur rôle de biomarqueur, et particulièrement les espèces situées au sommet des chaînes alimentaires. Parmi celles-ci, la loutre, prédateur essentiellement piscivore, tient une place prépondérante pour une évaluation significative de l'état de santé des milieux aquatiques.
Insecticides toxiques Pour contribuer à mesurer de tels effets, un programme toxicologique initié en Bretagne a permis, de 1987 à 1995, l'examen de 24 loutres d'Europe (trouvées mortes) originaires des bassins Loire-Bretagne, Adour-Garonne et Seine-Normandie. Replacés dans le contexte européen, 40 % des spécimens de cet échantillon révèlent, à des degrés divers, des niveaux significatifs de contamination par le mercure, les polychlorobiphényles (PCBs, dont certains composés proches de la dioxine), l'oxychlordane, le cadmium, le chrome, la dieldrine et l'hexachlorobenzène. Ce constat s'applique, selon les polluants, à plusieurs spécimens originaires de Bretagne. On observe une relation significative entre les taux de surfaces cultivées en maïs du lieu de récupération de ces spécimens et la teneur en lindane (organochloré employé comme traitement insecticide du sol de cette culture) mesurée dans leurs muscles. Mais il est remarquable de constater que cet échantillon de loutres apparaît en moyenne de 2 à 4,5 fois moins contaminé par le lindane que par la dieldrine, autre insecticide, très rémanent, interdit d'utilisation en agriculture en France depuis un arrêté ministériel de 1972.
Ce travail original permet donc de mettre en exergue certaines tendances en matière de contamination des biocénoses aquatiques. Une phase complémentaire de recherche est en cours avec le soutien de l'agence de l'eau Loire-Bretagne et de l'union européenne, sur deux bassins-tests (Scorff et Aulne), par l'étude des processus de transfert des polluants dans les chaînes alimentaires (sédiments, poissons, prédateur piscivore), grâce à un protocole normalisé et reproductible.
Vers une gestion équilibrée des habitats rivulaires La sédentarisation et la reproduction de la loutre dépendent étroitement de la densité de gîtes potentiels et d'une végétation sur berges (rivulaire) suffisamment dense, associée à un chapelet de milieux annexes favorables (marais, tourbières, étangs-). Les travaux sur les cours d'eau répondent encore à l'heure actuelle à des objectifs trop souvent sectoriels. Depuis 1992, divers textes (loi sur l'eau, directive européenne Faune-Flore-Habitats) soulignent la nécessité de mieux globaliser ces objectifs, en intégrant en particulier la préservation et la gestion des biotopes de diverses espèces animales ou végétales des milieux aquatiques. Ainsi, 27 espèces de la flore et de la faune bretonnes, dont les habitats préférentiels sont situés au moins pour partie dans le lit majeur des cours d'eau, ont été déclarées d'intérêt communautaire.
Dans ce contexte, un premier travail d'évaluation concernant les mammifères semi-aquatiques remarquables, a été réalisé par le GMB en liaison avec l'ADASEA du Finistère dans la perspective de mesures agri-environnementales. Ce travail a dressé un certain nombre de recommandations destinées à être insérées dans des cahiers des charges, afin de mieux gérer les habitats aquatiques et rivulaires, ainsi qu'à préserver et favoriser la pérennité des espèces et de celles dont elles dépendent étroitement. Ces propositions s'appuient sur une expérience acquise en Bretagne, soit sur des espaces protégés par le biais de conventions de gestion que le GMB a pu déjà établir depuis 10 ans avec des propriétaires privés ou publics, soit à la lumière de certains contrats de rivière. Elles sont appelées à se généraliser pour tous les programmes de gestion des milieux aquatiques. L'ensemble de ces mesures apparaît étroitement lié à la procédure des SAGE (schémas d'aménagement et de gestion des eaux prévus par la loi sur l'eau) où à l'échelle d'un bassin versant, la loutre (même absente mais potentiellement recolonisatrice) peut constituer un excellent fil conducteur à travers la diversité des exigences qu'elle requiert.
Il devront pour cela, intégrer l'ensemble des aspects touchant à l'équilibre de l'hydrosystème (écosystème d'eau douce) y compris ceux relevant du patrimoine naturel (diversité des milieux et abondance des espèces) et de l'utilité fonctionnelle de certains milieux (rôle des zones humides dans l'hydrologie et l'épuration naturelle des eaux).
Pierres à loutres
A l'occasion de leurs inventaires, des prospecteurs actifs du Réseau SOS-Loutres ont découvert à deux reprises sur le bassin de l'Ellé, non loin du Faouët et de Querrien, de curieuses empreintes circulaires, d'environ 20 cm de diamètre et 3 cm de large, dotées d'une entaille latérale, taillées sur la face supérieure d'un gros rocher plat émergeant du cours d'eau. Une enquête sur place auprès d'anciens meuniers a révélé qu'il s'agissait d'emplacements naguère sculptés pour y caler un piège à loutre, de type "Levître". Ce type de motifs a-t-il été observé - sans que nécessairement la mémoire collective en ait gardé le sens ni la fonction - en d'autres endroits en Bretagne ? S'agissait-il d'un savoir-faire purement localisé, a-t-il été repris, adapté ou modifié par d'autres piégeurs ? Le Réseau SOS-Loutres serait heureux de recueillir tout témoignage ou matériel original à ce sujet.
Adresses utiles
otternet@aol.com
Groupe Mammalogique Breton, réseau SOS-Loutres : Maison de la Rivière - 29450 Sizun, tél. 02.98.68.86.33, mél gmbreton@aol.com (en particulier en cas de signalement de loutre morte). Centre d'Initiation à la Rivière, 22810 Belle-Isle-en-Terre. Société Française pour l'Étude et la Protection des Mammifères : c/o SPN/IEGB, Muséum National d'Histoire Naturelle, 57 rue Cuvier, 75231 Paris Cedex 05.