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lesyeuxsanspaupieres
C'est le genre de travail qu'un prof de lettres peut faire avec ses élèves, ça serait forcément mal vu, mais le pastiche est au programme...

La seule différence avec la lettre de Guy Mocquet, c'est que celle-ci en plus d'être au programme, avec d'autres textes qui en temps voulu traiteront la guerre, la résistance, l'expression de soi devant la mort... en plus de ça, la lettre est devenue consigne ministérielle, avec date obligée... c'est peut-être génant car ça vient comme un cheveux sur la soupe dans une progression pédago dont seul le prof a la maitrise, c'est son boulot, mais on ne peut pas y couper à mon avis.
Ce n'est pas la mer à boire, soyons clair avec les élèves et évitons toute récup politique...
Acrerune | 10/22/2007
Je précise, si le prof ne souhaite pas la lire, il ne pourra pas faire autrement que de l'évoquer... et puis un texte on peut y revenir au moment jugé propice par LE seul prof.
Acrerune | 10/22/2007
J'étais passé devant cette note sans la lire, trompé par son titre.
Je viens seulement d'en découvrir le contenu et te remercie de dire avec talent ce que des explications laborieuses peinent à exprimer .
Ce qui a fait décider à quelqu'un (que je nommerai pas) de faire lire cette lettre( quelles que soient les précautions prises par les enseignants pour le faire, la mise en perspective, les leçons sur le don de soi, le sacrifice, etc.) c'est tout simplement la DUPLICITÉ : on utilise des bons sentiments, l'émotion, plutôt qu'on aide à réfléchir.
C'est du crypto-fascisme (relire 1984)
sergio | 10/22/2007
Tiens, j'ajoute ça au vol :

« Ma Chère Mélinée, ma petite orpheline bien-aimée,

Dans quelques heures, je ne serai plus de ce monde. Nous allons être fusillés cet après-midi à 15 heures. Cela m'arrive comme un accident dans ma vie, je n'y crois pas mais pourtant je sais que je ne te verrai plus jamais.
Que puis-je t'écrire ? Tout est confus en moi et bien clair en même temps.

Je m'étais engagé dans l'Armée de Libération en soldat volontaire et je meurs à deux doigts de la Victoire et du but. Bonheur à ceux qui vont nous survivre et goûter la douceur de la Liberté et de la Paix de demain. Je suis sûr que le peuple français et tous les combattants de la Liberté sauront honorer notre mémoire dignement. Au moment de mourir, je proclame que je n'ai aucune haine contre le peuple allemand et contre qui que ce soit, chacun aura ce qu'il méritera comme châtiment et comme récompense.

Le peuple allemand et tous les autres peuples vivront en paix et en fraternité après la guerre qui ne durera plus longtemps. Bonheur à tous... J'ai un regret profond de ne t'avoir pas rendue heureuse, j'aurais bien voulu avoir un enfant de toi, comme tu le voulais toujours. Je te prie donc de te marier après la guerre, sans faute, et d'avoir un enfant pour mon bonheur, et pour accomplir ma dernière volonté, marie-toi avec quelqu'un qui puisse te rendre heureuse. Tous mes biens et toutes mes affaires je les lègue à toi à ta sœur et à mes neveux. Après la guerre tu pourras faire valoir ton droit de pension de guerre en tant que ma femme, car je meurs en soldat régulier de l'armée française de la libération.

Avec l'aide des amis qui voudront bien m'honorer, tu feras éditer mes poèmes et mes écrits qui valent d'être lus. Tu apporteras mes souvenirs si possible à mes parents en Arménie. Je mourrai avec mes 23 camarades tout à l'heure avec le courage et la sérénité d'un homme qui a la conscience bien tranquille, car personnellement, je n'ai fait de mal à personne et si je l'ai fait, je l'ai fait sans haine. Aujourd'hui, il y a du soleil. C'est en regardant le soleil et la belle nature que j'ai tant aimée que je dirai adieu à la vie et à vous tous, ma bien chère femme et mes bien chers amis. Je pardonne à tous ceux qui m'ont fait du mal ou qui ont voulu me faire du mal sauf à celui qui nous a trahis pour racheter sa peau et ceux qui nous ont vendus. Je t'embrasse bien fort ainsi que ta sœur et tous les amis qui me connaissent de loin ou de près, je vous serre tous sur mon cœur. Adieu. Ton ami, ton camarade, ton mari.

Manouchian Michel.


P.S. J'ai quinze mille francs dans la valise de la rue de Plaisance. Si tu peux les prendre, rends mes dettes et donne le reste à Armène. M. M. »
lesyeuxsanspaupieres | 10/22/2007
oui, j'ai pensé à cette lettre là aussi... elle ouvre des pistes de réflexion sur le présent aussi.
selva | 10/22/2007
je voulais dire la lettre de manouchian, mais ta lettre, lysp, est aussi une porte sur de multiples réflexions sur l'actualité!
selva | 10/22/2007
Je ne connaissais pas : c'est une superbe lettre !
Mais avant d'aller plus loin, je vais de ce pas m'informer sur Michel Manouchian et cette lettre simple, si limpide, si forte.
Non de dieu, on me cache tout !
sergio | 10/22/2007
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