Mon cher petit Nicolas,

Je vais mourir ! Fusillé de tristesse. Mon pays que j'aimais, pays des droits de l'homme, rejette au large les miséreux, interroge le sang de mes frères d'Afrique, rafle les enfants dans les écoles, pousse par les fenêtres mes sœurs de Chine.

Je vais mourir ! Mon corps sera vendu à l'encan, sans doute, pour rapporter de l'argent à quelques uns. Je ne serai pas seul, ma chère petite maman, car tout est à vendre et même notre corps ne nous appartient plus.

Cher papa, sois courageux. Travaille. Tes quatre vingts ans te donnent de beaux cheveux et, quand tu marches dans la rue pour distribuer des publicités dans les boîtes aux lettres, je vois ta retraite se passer dans la joie et je vais mieux.

Riri, Fifi, Loulou, je vous abandonne le monde. Macdonaldisez-le comme Nicolas le veut. Et donnez le reste aux OGM.

Je dois partir. J'aurai tant voulu vous parler encore. Des amis qui dorment dans les rues, des nuages qui brûlent de pollution, de tout, de l'exploitation de tous les hommes par quelques uns. Mais il est trop tard. J'ai triché avec les ASSEDICS, je dois être exécuté.

Mon cher petit Nicolas, je quitte ce monde sans regret : à cause de toi, il n'y a plus de place pour moi.

Votre inutile rêveur,


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